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    CRITIQUE LITTÉRAIRE
    Jane Eyre - Charlotte Brontë




    Critique publiée par Woland le 10-01-2007

    Surprenant roman que "Jane Eyre" : une intrigue d'un romanesque outrancier mais parfaitement maîtrisée (si l'on excepte la partie où Rochester déclare sa flamme à Jane et lui demande de l'épouser, qui est sacrément gnangnan), des personnages qui, sans l'indéniable talent de son auteur, ne seraient que caricatures, et enfin des prises de position féministes proprement ahurissantes chez une fille de pasteur aussi soumise que le fut Charlotte et qui s'insèrent avec audace dans un récit touffu où abondent les descriptions parfois trop appliquées de la campagne anglaise et (pour mon goût) les références un peu trop nombreuses - surtout dans le dernier tiers du livre - à la Bible, au péché, aux pécheurs, etc, etc, etc ...

    Plus que tout, c'est le plaisir profond que Charlotte Brontë prit à l'écrire - et que l'on sent pratiquement à toutes les lignes - qui fait de "Jane Eyre" un monument incontournable de la littérature anglaise. Paradoxalement cependant, "Jane Eyre" est aussi une espèce de contre-monument à l'Ere victorienne : car c'est avec jouissance, avec sensualité et avec une frénésie authentique que la romancière y envoie valser les conventions sociales et mondaines. Allons plus loin et n'hésitons pas à écrire qu'une lecture attentive et impartiale de ce "pavé" démontre une perversité raffinée mise en oeuvre pour légitimer ce qui, si on le regarde bien, demeure bel et bien la séduction d'un quadragénaire fortuné et viveur par une fausse innocente de vingt ans sa cadette.

    "Fausse innocente" en effet parce que le personnage de Jane Eyre est ambigu. Enfant, elle a déjà les haines d'une adulte passionnée dont, pas une minute et malgré les touchants efforts de celle qui l'a imaginée pour la ramener au Créateur, à la Bible et à tout ce que l'on voudra dans ce goût-là, on ne parvient à croire une minute qu'elle se soit assagie. Quoi ! Une femme capable d'éprouver une passion amoureuse aussi violente pour un homme qu'on devine extrêmement charnel serait aussi la plus candide et la plus pieuse des ouailles du pasteur local ? Im-pos-si-ble, déclare très vite le lecteur qui manque d'ailleurs quelquefois d'apposer le terme "arriviste" à ce parcours impeccable vers la réussite sociale.

    La construction du roman, elle, est par contre extrêmement claire et vient se greffer sur un sens de l'analyse qui surprend chez un auteur si jeune et surtout si dépourvu d'expérience du monde. Sous une autre plume, "Jane Eyre" ne serait qu'un conte de fées pas très net aux entournures, mis à la mode du XIXème siècle. Mais la force de caractère de son auteur est telle qu'elle parvient à nous le faire lire encore, à plus d'un siècle de sa première parution, avec un intérêt qui ne faiblit que très rarement tout au long du récit. Pour un livre, pour son créateur, c'est là la marque de l'immortalité.

    Il faut dire que Charlotte Brontë, en bonne romancière, fonde sa fiction sur des bases réelles : l'institution Lowood, où la petite Jane est envoyée par sa tante par alliance, Mrs Reed, reproduit les us et coutumes d'une institution où séjournèrent Charlotte et l'une de ses soeurs ; les personnages de bigots que l'on aperçoit par ci, par là (notamment la famille Brocklehurst) sont peints probablement d'après nature : Brontë n'était pas pour rien fille de pasteur ; la bigamie froidement envisagée par Edward Rochester fait écho à un fait divers qui fut rapporté à la romancière alors qu'elle était une toute jeune institutrice de 19 ans, en poste chez Miss Wooler ; quant au personnage de Mr Rochester lui-même - et à la fascination qu'il exerce très tôt sur la gouvernante de sa pupille, elle évoque irrésistiblement la passion malheureuse de Charlotte pour M. Héger qui tenait à Bruxelles un pensionnat où la jeune fille enseigna un temps avec sa soeur, Emily.

    Les piques contre le caractère des Français, que l'on rencontre çà et là dans le roman, proviennent en partie de la rancoeur que Charlotte conserva envers M. Héger, lequel, désireux de sauvegarder son propre mariage, mit brutalement fin à la correspondance qu'elle ébaucha avec lui après son départ de Bruxelles. Eh ! oui, ce n'est pas un hasard si la petite Adèle est née française ! Wink

    Idem pour les critiques voilées de la foi catholique (Eliza, l'aînée des cousines de Jane, a pour projet de se convertir au catholicisme et devient d'ailleurs supérieure d'un couvent, en France). Fille d'un pasteur anglican, Charlotte Brontë ne se pardonna jamais d'avoir cédé, à Bruxelles, à la tentation du papisme : on sait en effet que l'exaltation amoureuse et les souffrances qu'elle ressentit à l'époque la conduisirent même à se confesser. (La pratique de la confession est, de toutes façons, l'une des rares choses que beaucoup de non-catholiques, célèbres ou pas, envient à l'Eglise de Rome. Wilde lui-même la trouvait "sublime.")

    "Jane Eyre" n'est peut-être pas un roman à lire quand on a vingt ans car on risque alors de passer à côté de ses indéniables qualités littéraires ainsi que de l'ambiguïté de ses héros. Mais si on l'a lu à cet âge, il faut au moins se promettre de le relire vingt ans plus tard : tel un bon vin (français, cela va de soi !), il ne cesse de se bonifier avec le temps.


    Le critique : Woland
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