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    CRITIQUE LITTÉRAIRE
    Pamela ou la vertu récompensée - Samuel Richardson




    Critique publiée par Woland le 06-06-2007

    Eh ! bien, ça y est, je l'ai lu. Je l'ai lu et j'ai été très étonnée. Non que ce roman ait été, en son temps, ce que nous nommerions un best-seller (il rencontra, dit-on, un aussi grand succès que "La Nouvelle Héloïse" - mais que, en notre XXIème siècle et pour peu qu'on prenne la peine de la dépouiller des passages où l'héroïne en appelle à Dieu et prône la grandeur de la vertu dans la misère, sa charpente en reste aussi solidement construite.

    La question que je me posais à l'origine était celle-ci : comment, avec une histoire aussi mélodramatique et qui, de plus, aurait pu faire les délices du marquis de Sade, un écrivain avait-il pu produire près de quatre cents pages qui se tiennent sans parvenir à lasser son lecteur, et ceci au XVIIIème siècle qui reste tout de même celui où l'on voit poindre à l'horizon rationalisme et lucidité critique ?

    La réponse est tout aussi simple : si l'on a le sens du roman, on peut. Or, Richardson était avant tout un très grand conteur.

    Si les premières lettres de Paméla à ses "très chers père et mère" font un peu du surplace, très vite, la machine s'accélère et les rebondissements se succèdent. L'histoire, pourtant, est très simple :

    Enfant, Paméla Andrews, a été prise en affection par une femme de qualité qui s'est chargée de son éducation. Lorsque sa bienfaitrice meurt prématurément, Paméla a quinze ans et est d'une beauté exceptionnelle. Le fils de sa maîtresse, Mr B. ..., se met en tête de la séduire. Pamela entend bien ne pas céder et réclame à cor et à cris d'être reconduite chez ses parents. Après de nombreuses tentatives avortées de la réduire à merci, le jeune homme feint de se résoudre à la laisser partir. Mais c'est en fait pour l'expédier dans l'une de ses maisons secondaires où il espère, par l'isolement et la compagnie d'une femme de charge qui tient plus de la maquerelle que de l'honnête ménagère, qu'elle finira par accepter le marché qu'il lui propose. Richardson n'étant pas Sade, il a prévu de faire intervenir dans l'intrigue ce minuscule grain de sable qu'est l'amour sincère lorsqu'il rejoint le désir et Mr B. ... et Paméla finiront par se séparer (provisoirement, car il y a une suite dont je ne dispose malheureusement pas) dans les meilleurs termes, chacun ayant compris qu'il aimait l'autre plus profondément qu'il ne le croyait.

    Mr B. ... mériterait bien mieux qu'une simple initiale car son personnage qui, au départ, ne semble vouloir s'apparenter qu'au jouisseur-type nous révèle peu à peu des qualités d'intelligence et de ruse qui, on en convient très vite, n'ont d'égales que l'intelligence et la ruse de celle qu'il veut forcer. Car Paméla, bien qu'âgée de 15 ans seulement, fait montre d'un esprit et d'une maturité infiniment supérieurs et, lorsque "son innocence", comme elle dit, est en jeu, elle sait très bien dissimuler.

    Doit-on la croire quand elle s'auto-apitoie sur son terrible sort et qu'en elle en appelle à Dieu et aux psaumes ? Pour notre morale actuelle, tout cela est excessif et les passages où elle se manifeste de cette manière ont tout du pathos. Mais si l'on veut bien se reporter à l'époque à laquelle se déroulent les événements, on peut la croire sincère. Elle n'est en rien une opportuniste qui rêve de se faire épouser par celui qui la tourmente tant.

    En revanche, le lecteur en arrive vite à penser que son créateur, Samuel Richardson, est bien plus roué qu'on ne l'a dit. Qu'il ait prétendu n'oeuvrer que pour le bien de la morale, il est permis d'en douter. Le lecteur complice perçoit trop bien la jouissance qu'il goûte à aligner les machinations de Mr B. et à nous dépeindre la nasse se refermant sur la pauvre héroïne. Ainsi, trahie par le valet à qui elle confiait en un premier temps ses lettres pour ses parents, la malheureuse n'apprend qu'à la moitié du roman que le félon les remettait à son maître, lequel est ainsi au courant des sentiments les plus intimes de la jeune fille. Si le viol physique n'est jamais consommé bien que Richardson nous en dépeigne deux tentatives (dont la dernière risque d'aboutir grâce à Mrs Jewkes, la femme de charge qui immobilise la jeune fille pour permettre à son maître de passer à l'acte), le viol moral, lui, est patent - et la victime, d'ailleurs, ne s'y trompe pas.

    Tout bien considéré, la "Pamela" de Richardson présente déjà les meilleures ficelles de ces soap-operas auxquels la télévision nous a habitués. Il y a, en Mr B. ..., quelque chose de JR ou du beau Mason Capwell et, en Paméla, beaucoup de cette jeune femme interchangeable qui, tant dans "Dallas" que dans "Santa Barbara", tient le rôle de LA Victime masochiste qui aime et hait son bourreau. En ce sens, on peut dire que l'intrigue comme les personnages de "Pamela" sont sadiens avec cette différence que, si DAF, en osant toutes les transgressions, va jusqu'au bout de sa haine de la morale courante et de la religion, Richardson ne fait que suggérer au lecteur ce qui aurait pu être en égratignant au passage la noblesse et le clergé d'Angleterre.

    Dans "Clarisse Harlowe", il ira plus loin mais au lieu d'en tirer gloire comme Sade, il noiera le tout dans un océan de lamentations sur le sort de sa nouvelle héroïne.

    Quoi qu'il en soit, après la lecture de "Pamela", le doute n'est plus permis : Richardson et Sade sont bien de la même famille. ;o)


    Le critique : Woland
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