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    CRITIQUE LITTÉRAIRE
    La Tache - Philip Roth




    Critique publiée par Woland le 14-09-2006

    A mes yeux - mais ce n'est qu'un avis probablement orienté par ma passion toute proustienne pour les histoires aux mille et un méandres - un bon romancier se reconnaît au naturel avec lequel il parvient à imposer un récit extrêmement complexe (et surtout plus complexe qu'il ne veut bien le paraître) et truffé de personnages si possibles ambigus à un lecteur fasciné.

    Et Philip Roth, qui me paraît entre parenthèses un chantre de la phrase à point-virgule, Philip Roth est un grand romancier qui n'a pas usurpé la réputation qui est la sienne.

    "La Tache" - en anglais, "La tache, la souillure humaine" - débute sur un incident si banal que l'auteur, auquel son héros, Coleman Silk, vient le rapporter afin qu'il en rédige un ouvrage vengeur, n'est même pas enthousiasmé par cette histoire d'un doyen d'université américaine que l'utilisation d'un mot bien précis (mais doté de deux acceptions) pour désigner deux élèves de sa classe éternellement absentéistes a fait basculer sans autre sommation dans le camp des "racistes."

    De ces deux étudiants, Silk ne savait rien : il ne les avait même jamais vus. Du coup, un jour, il demande aux élèves présents quelque chose comme : "Quelqu'un sait à quoi ils ressemblent ou sont-ce des zombies ?"

    Ah ! Malheur ! Voilà que les absentéistes sont Noirs (pardon ! de couleur !) et que le mot "spook", traduit par "zombi" dans notre langue, désigne en anglais :

    1) tout d'abord un ectoplasme, un fantôme - songez au Spooky des "Casper"

    2) et puis un Noir mais de manière péjorative.

    Et évidemment, bien qu'il ait été le premier à embaucher un professeur noir à l'université d'Athena, il est clair que le doyen Silk ne peut avoir utilisé le terme que dans son sens second.

    Eh ! oui ! Il n'y a pas qu'en France qu'on ne peut plus utiliser certains mots sans se voir traité de raciste et autres billevesées charmantes : aux USA aussi.

    Silk a beau se défendre, en appeler à ses collègues (qui ne bougent pas), rien n'y fait : il finit par démissionner. Il perd aussi sa femme que la maladie ratrappe à ce moment-là. Bref, il perd tout. Sauf sa rage.

    Le narrateur-auteur Nathan Zukermann ayant poliment mais fermement refusé d'écrire le livre vengeur que Silk entend titrer "Zombies", ce dernier s'y attèle. Et puis, un jour, il arrête tout. Au début, Zukermann pense que cela est dû au nouveau scandale que vient de provoquer l'ex-doyen de l'université d'Athena.

    En effet, cet incorrigible anti-conformiste de 71 ans, aidé par le Viagra, prend pour maîtresse une femme de ménage de l'université qui s'affirme complètement illettrée, Faunia Farley, presque traquée en permanence par son ex-époux, un vétéran du Viêt-Nam complètement frappé.

    Avec cet instinct propre à l'écrivain et, de façon générale, à l'artiste, Zukermann, que Silk a pris en amitié, finit par s'intéresser à l'affaire qu'il flaire plus compliquée qu'elle ne lui avait semblé à première vue : il se pose donc des questions, il cherche, il fouille et même s'il n'apprend le secret de l'ancien doyen qu'à l'enterrement de celui-ci, à la fin du roman, ce secret est d'emblée présenté en long et en large dès le chapitre 2, amenant le lecteur à reconsidérer sa vision du racisme - ou plutôt des racismes.

    Mais dans ce livre envoûtant, il n'y a pas que cela que Roth nous contraint à remettre en question. Avec une habileté magistrale, il entremêle tous les fils de ses marionnettes par ailleurs si terriblement humaines de façon telle que tantôt elles nous font pitié, tantôt au contraire elles ne nous inspirent plus que du dégoût. Il n'est pas jusqu'au "dingue" de service, Les Farley, responsable de l'accident où Faunia et Coleman ont perdu la vie tous les deux, qui ne nous apparaisse, dans la scène finale, perdu dans la solitude gelée au milieu de laquelle il pêche, sa perceuse à ses côtés et assis sur un sot en plastique jaune retourné dont la description a quelque chose de grotesque, qui ne se dresse brusquement devant Zukermann-Roth - et donc devant nous, lecteurs - comme bien moins fou et pourtant beaucoup plus dangereux qu'il n'en avait donné jusqu'ici l'impression.

    Ouvrez "La Tache", commencez à lire lentement, à haute voix si vous pouvez, ne tombez surtout pas dans le piège apparent de cette rivalité sournoise et typique du milieu universitaire qui conspire à éjecter le doyen Silk après avoir pressé celui-ci comme un citron - ce n'est qu'un leurre lancé par Roth pour jauger son lecteur - et continuez.

    Oubliez les longueurs des paysages, si vous n'aimez pas. Lisez, laissez-vous imprégner, laissez-vous envoûter, acceptez de regarder tous les personnages sous les différents prismes que vous tend obligeamment Philip Roth, indignez-vous contre ce "Silky Silk" qui, par ambition et "pour vivre libre", décide de renier sa propre mère dont il fut l'enfant préféré et qui n'a pourtant pas le courage de protéger ses enfants à lui du risque qui les guette et qui guettera leurs propres enfants dans les générations à venir, applaudissez aussi à sa rage de vivre, à son tempérament de "teigneux" irrésistiblement séduisant, jugez et ne jugez pas Fiauna, mère indigne ou pas, fermez un instant les yeux et rappelez-vous toutes les actualités sur les horreurs du Viêt-nam, "Voyage au bout de l'Enfer" de Cimino ou encore le gigantesque et inégalé "Apocalypse Now", absorbez toutes les souffrances, tous les excès, tous les mensonges, toutes les demi-vérités, toutes les erreurs des personnages de Roth ...

    ... et vivez "La Tache" qui prouve une fois de plus que, s'il a existé ou s'il existe encore aux USA des Malcom X, des Bush, des politicards irresponsables et des Juifs assez stupidement orthodoxes pour chanter sur une tombe non pas : "Un homme est mort aujourd'hui ..." mais bel et bien "Un Juif est mort", tentant ainsi de faire entrer dans l'Au-delà l'âme même du Ghetto (la scène est d'autant plus grinçante que, si le fils orthodoxe de Silk ignore la vérité, nous, nous la connaissons), leurs contraires absolus existent eux aussi.

    Cinq ans après le 11 septembre 2001 et ses conséquences au Proche-Orient, ce qui a une fâcheuse tendance à nous le faire oublier à l'un ou l'autre moment, ça fait du bien de le savoir.

    Merci, Philip Roth.


    Le critique : Woland
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