Commentaire de detroiter :
Avant tout, je veux dire que la note ne souligne que les défauts de l’écriture, aucunement mon avis sur l’histoire de Yasmine qui m’a vraiment ému. Je pense sincèrement qu’en retravaillant le texte, ce témoignage très puissant peut trouver un large lectorat.
Car, malheureusement, il faudrait tout réécrire ou presque :
- les dialogues sont beaucoup trop “écrits” et pas du tout “parlés”, ce qui donne un ton affreusement aristocratique aux personnages ;
- il faudrait délimiter plus clairement les chapitres et construire des paragraphes car le retour à la ligne après chaque phrase est très inconfortable ;
- il y a beaucoup de répétitions, notamment sur les questionnements de la jeune femme ce qui fini par donner d’elle une image simplette, ce que je doute qu’elle soit même si elle semble souvent ne pas mesurer complètement la gravité de son expérience.
Il y a aussi des incohérences dans la narration, passant sporadiquement d’indirecte à directe :
Page 22, Offer S. semble devenir le narrateur :
“Le lendemain de l'arrestation de sa fille, Joseph vint me trouver à Tel-Aviv dès l’ouverture de mon cabinet. […]
« Bonjour, Joseph, que t’arrive-t-il ?
— Offer, c'est un drame, ma fille, Yasmine a été arrêtée par des militaires, je crois que c'est grave.
— Calme-toi Joseph… ”
A partir de la page 26, le narrateur parle tantôt de “l’avocat” de Yasmine (donc Offer S.) :
“À la demande de son père, l’avocat voulut faire appel.”
et redevient juste après un “je” de narration directe :
“Combien de fois durant le procès, je voulus crier la vérité.”
Par la suite, les références à Offer S. sont quasiment toutes en narration indirecte.
Or au tout début, page 4, l’auteur remercie “l’avocat Offer S... de Tel-Aviv”.
J’avoue avoir été perdu par cette introduction de la narration directe, me faisant penser que l’auteur ET Offer S. ne sont qu’une seule et même personne.
En revanche, la construction du récit en trois grandes parties – la première introductive qui accroche bien le lecteur, la seconde plus en profondeur qui reprend tout depuis le début jusqu’au procès et la troisième sur l’après procès – cette construction fonctionne très bien, selon moi, et donne au lecteur l’envie de savoir ce qui se passe la page suivante.
Enfin, sur un plan plus politique, j’ai apprécié l’analyse nuancée et les rappels historiques. Par contre je pense qu’il est injuste de dire, dans l’épilogue, que rien n’avance - même si nous sommes loin d’avoir une paix entre Israël et Palestine - et d’occulter le retrait des colonies de Gaza, préparé de longue date et finalement opéré en août 2005 ; ce sujet étant de plus évoqué lors de la rencontre de Joseph et de Monsieur Georges, près de 25 ans plus tôt.
Bien que loin d’être une “décolonisation” complète des territoires palestiniens, ce geste est à mon avis un symbole indéniable d’une volonté d’Israël d’arriver à une paix ; et qui aurait cru que ce serait Ariel Sharon qui réaliserait un tel évènement ?! Même si je suis conscient qu’en agissant de la sorte, le gouvernement Israélien renforce sa position internationale et prend ainsi le pas sur l’image de la Palestine, souvent vue comme “victime” car n’ayant ni État, ni armée… face à l’État d’Israël très organisé militairement. Ayant fait ce geste si symbolique, toute action violente de la part des Palestiniens transformerait les Israéliens en victimes.
Quoi qu’il en soit, cette histoire est réellement poignante, savoir qu’elle est vraie la rend plus prégnante encore, et c’est avec tendresse que j’ai envie de souhaiter à Yasmine, à la suite de cette lecture qui me l’a rendue proche, un plein bonheur et pourquoi pas, la réalisation de ce rêve si simple et qui pourtant paraît impossible : revenir en Israël main dans la main avec Leïla…
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