Commentaire de Georges :
Guy Sembic paraît suivre la même quête que moi : comprendre notre univers pour y installer durablement notre existence. Mais je privilégie l’approche rationnelle alors que Guy préfère la connaissance intuitive, celle des poètes. Nous voyons les mêmes choses parfois. Et parfois nos chemins divergent.
Je ne répète pas ici le commentaire sur le premier livre. Maintenant arrivent les récompenses : les deux autres parties.
Elles sont bâties autour du héros, Eridan, dont la quête est le thème central du roman. D’autres personnages rencontrent son chemin. La plupart sont attachants et d’un caractère affirmé.
Tout au long du récit, je me suis demandé ce qui allait leur arriver, surtout à Eridan et sa bien-aimée Tayguète. Et j’ai fini par savoir, ce qui m’a permis de dormir en paix. Tout au long, je me suis demandé aussi où Guy voulait en venir. J’ai eu la plupart des réponses, mais je suis quand même resté perplexe. C’est que les idées de Guy sont souvent difficiles à comprendre. Pourquoi pense-t-il qu’une relation durable génère la solitude ?
Le plus important : Guy a quelque chose à dire. Ce n’est pas le cas de tous les auteurs. Et ce n’est pas facile, car c’est l’indicible. Et il doit absolument le dire, car c’est l’essentiel de nous-même.
Si j’ai bien compris, Guy pense que la seule voie pour réaliser pleinement l’existence, c’est la communion des êtres grâce à la communication. Et il nous laisse entendre en même temps que c’est mission impossible. Comment s’arracher à cette tragédie ? Lisez, et vous saurez. Peut-être …
Il y a beaucoup d’idées intéressantes sur la condition humaine, sur l’homme et sa quête d’existence. Et surtout, ce qui m’a procuré du plaisir, c’est la poésie. Pas étonnant puisqu’il s’agit de dire l’indicible. Oui, mais encore faut-il y parvenir. Il ne suffit pas de pousser très fort pour que ça sorte : il faut aller chercher l’inspiration parfois très loin. Un seul exemple : « Une force en lui, aussi violente que la beauté d’une fleur éclatée. »
Le français est presque parfait. Il y a quand même les rares -très rares- autant qu’inévitables coquilles et maladresses : tout le monde ne peut pas faire appel à des correcteurs.
Les connaissances scientifiques m’ont paru solides. Mais là encore, de rares erreurs sont inévitables. Ainsi : « L'eau, constituée de matière et d'énergie, intimement liées. » ?
J’ai relevé d’autres imperfections, selon mon point de vue : certains dialogues peu naturels, trop de termes abstraits, un certain manque de clarté, quelque lourdeur parfois, dans le style. Ah, j’allais oublier l’abus des hyper-méga-superlatifs :« une jouissance infinie », par exemple. On ne pas toujours battre des records, et absolus de surcroît : c’est fatigant. Mais la perfection, la perfection absolue puisqu’elle serait au goût de tout le monde, me paraît inaccessible. Heureusement, avec le merveilleux outil qu’est l’ordinateur, il est possible à tout moment de faire des retouches, des corrections et même des transformations.
Alors, lisez « Au Pays des Guignols Gris ». Vous en sortirez enrichis.
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