Commentaire de detroiter :
Au début, j’ai été un peu déconcerté par la construction de l’histoire. Elle survole cette très originale famille (au nom si prédestiné) dans un doux désordre chronologique, certains chapitres couvrant plusieurs décennies, d’autres évoquant des évènements beaucoup plus courts. A chaque fois, un personnage ou une relation particulière entre des personnages est pris comme dénominateur commun au chapitre. Mais après quelques pages, je m’y suis fait et j’ai même franchement adhéré.
Au fil des paragraphes, des questions se présentaient à mon esprit : ces gens sont-ils des caricatures ou peuvent-ils être vrais ? Où est la frontière ? Est-ce possible d’imaginer avec autant d’acuité des personnages aussi retors ? Et où l’auteur trouve-t-elle la générosité de leur offrir la tendresse qu’elle leurs voue ? Cette tendresse qui force le lecteur à ne pas souhaiter qu’ils crèvent tous dans d’atroces souffrances, à espérer qu’un coup de baguette magique les lavera de toutes leurs mesquineries, leurs petitesses, et nous montrera en plein jour les étincelles de leurs cœurs si implacablement camouflées sous des tonnes de graisse, de fainéantise et de beaufitude. Ô pauvre cousin Oneiros ! Quel Dieu as-tu fâché pour qu’il te punisse d’une telle parenté ?
Quant à l’écriture, tout le bon et le mauvais est montré à la première phrase :
“Son mammouth astucieux, sa plantureuse moricaude, cette créature à laquelle son Créateur avait refusé tout embryon de conscience morale, cette faiseuse d'anges à son propre compte, cette Antillaise au popotin échauffé et émoustillé par du piment rouge et costaud, engraissée de riz, de bananes et d'ananas au curaçao, dès le biberon, enivrée de lait coupé de rhum, il l'avait, dans un moment d'euphorie, ramenée des Îles-sous-le-Vent.
Un vocabulaire précis, des adjectifs acerbes en guise de photos d’identités, chacun des personnages disséqué à coups de vérités douloureuses : un vrai plaisir à lire, un vrai amusement de l’intellect !
Mais que certaines phrases sont longues ! Et surtout, il y a trop de virgules !!! Tant parfois qu’on ne sait plus quel est le sujet de tel verbe. Tant parfois que la phrase n’a plus de sens.
ex : “Cet enlèvement, avec la bénédiction du psychiatre trop heureux de se débarrasser de cet encombrant énergumène, de ce pâle forcené.”
ou encore : “Et Jean-Sophocle ONEIROS, trop lucide, et sans doute trop honnête, pour entrer en politique, s'estimant inapte à formuler une opinion définitive, génétiquement anarchiste, démocrate à ses heures, aristocrate toujours, était devenu poète musicien maudit, maniaque des suicides manqués, émergeant de chacun de ses comas encore plus désespéré :
"Je suis celui qui souffre et qui s'est révolté""
Enfin, quoi qu’il en soit, ce texte, que j’ai lu, malgré mes multiples activités (dont certaines sont dévorantes ! si ! si !), en seulement quelques heures, quatre ou cinq je crois, m’a vraiment plu !
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