Si j'ai attendu aussi longtemps pour formuler une évaluation sur "La vie extraordinaire d'Adam Borvis", c'est que sa première lecture m'a plongé dans une grande perplexité.
J'y reconnais l'influence assumée de Borges, mais justement, j'ai toujours eu des difficultés à entrer dans le monde du grand argentin, et c'est aussi un peu le cas avec celui de Jérôme.
Si j'adhère globalement aux trois premières parties de sa nouvelle, la quatrième me paraît insuffisamment reliée au reste pour qui n'a pas lu la fiche de présentation de l'ouvrage et donne - en dépit de l'unité thématique - une impression de fourre-tout en raison de sa diversité formelle.
Dernière remarque sur la structure : il y a beaucoup d'ellipses temporelles dans les 39 pages du récit de la vie d'Adam, et l'on a parfois l'impression d'un synopsis qui reste à développer. Je crois qu'il y avait matière à un roman qui nous narrât par le menu toute "la vie extraordinaire d'Adam Borvis". La nouvelle est trop discursive à mon sens.
Du point de vue de la forme, la qualité d'ensemble est bonne - peut-être le style des dialogues est-il insuffisamment différencié cependant - et les scories si peu nombreuses qu'elles passent presque inaperçues.
Au total, je ne peux donc répondre à Jérôme que je l'ai compris vraiment, mais je crois qu'il sait que c'est là une quasi impossibilité.

Pierre-Alain, comment vous remercier de l'attention que vous avez portée à mon ouvrage ? Je vous considère comme un nouvelliste, un vrai, pour ne pas dire un "grand", à la fois prolifique et rigoureux. Hélas, en ce qui me concerne, je ne peux pas en dire autant : "La vie extraordinaire d'Adam Borvis" n'est pas une nouvelle à proprement parler, je le regrette (parce que j'aimerais bien, moi aussi, pouvoir me considérer comme un nouvelliste) mais c'est ainsi. Je tiens beaucoup en revanche à ces "ellipses" dont vous parlez, je trouve qu'elles donnent (paradoxalement), une aura de mystère et une profondeur métaphysique à l'ensemble, en laissant le champ libre à l'imagination du lecteur. La dernière partie donne un côté "fourre-tout", alors là je ne peux pas lutter, parce que ce n'est que trop vrai ! Le "style des dialogues" est sans aucun doute ce qui m'inqiète le plus dans ce que vous en avez dit ici ; je crois qu'au fond, dans cet ouvrage (comme dans tous mes ouvrages d'ailleurs), je discute surtout avec moi-même, plutôt que de chercher à "planter" des personnages individualisés. Peut-être le problème vient-il de là. Je vous remercie en tout cas pour ces critiques constructives, dont je tiendrai compte, croyez-le bien, dans mes prochaines créations.