Commentaire de elam :
La fausse légèreté de cette pièce vous attaque sournoisement le moral. Tout y est massacre organisé, mais à la façon d’un virus qui s’insinue dans un organisme ou un programme pour lentement et sûrement l’anéantir. Emportée elle-même par son mal la pièce se met parfois à délirer, on dirait alors du Ionesco revu et corrigé par un auteur de série télé, et ce n’est pas si mauvais ! Ceci dit je ne pense pas qu’il y ait la moindre prétention de faire une œuvre qui compte dans l’esprit de l’auteur. Il s’agit manifestement d’une farce, dans tous les sens du mot, un mélange copieux de tout ce qui peut donner de la matière, du goût, du parfum, à un impressionnant salmigondis d’ingrédients convenus. C’est quasi exhaustif, et ceci même est une performance : on y trouve tous les poncifs du comique, articulés avec une grande habileté, si bien que le rire, dû à la saturation, est au rendez-vous… On s’amuse, mais on entend grincer la machine dans les cintres. Au centre de tous les effets comiques, Pierre, dont le caractère présente toutes les facettes nécessaires : égocentrisme, calcul, froideur, provocation, ironie, manipulation, impolitesse. Tous les autres personnages ne sont que des faire-valoir de celui-ci et la pièce manque singulièrement de chaleur. On reste tout du long dans l’exploitation d’un humour glacial. Et la farce donne froid dans le dos !
|