Commentaire de Pierre-Alain :
Sans abandonner le mélange des genres qu'il affectionne, puisqu'il déclare vouloir faire de cette enquête policière "un conte philosophique" sur la quête de soi et la quête de l'autre, Jérôme Nodenot dans "Marionnettes" a indiscutablement progressé depuis "La Vie extraordinaire d'Adam Borvis".
Le style est alerte. C'est beaucoup dans ce genre où le lecteur ne tolère pas le moindre ennui. Les dialogues - nombreux - sont généralement vifs et bien menés, le vocabulaire adapté au profil du personnage. Et la langue d'une qualité bien supérieure à la moyenne. Bref, la lecture est aisée et agréable.
Dans le genre parodique, sa galerie de personnages est savoureuse, mais peut-être va-t-il trop loin. Car si les seconds rôles sont falots à souhait, à l'image de leurs patronymes passe-partout - et il est certain que le lecteur oubliera bien vite Mr Chouette, Mme Bidule et Mme Machin - le paradoxe - autre concept cher à Jérôme - est que son héros l'est tout autant. Ce Gargantua qu'on assassine, qui parfois s'oublie et parle de lui à la troisième personne, nous indiffère relativement, car son charisme nous est affirmé, mais pas montré. Nous ne le voyons pas enflammer ses étudiants durant ses cours pas plus qu'encourager leur vocation d'écrivants dans l'atelier d'écriture qu'il anime. Qu'il meure finalement ne nous fait ni chaud ni froid.
Et de tout ce petit monde, j'avoue que pour moi, au sortir de la lecture, le personnage le plus marquant est sans conteste, Marilou, la petite "lionne" africaine. Elle aurait mérité d'être enquêtrice en lieu et place de ce Bilbok que Jérôme tourne en ridicule du début à la fin de son enquête. Et eût mené l'affaire avec infiniment plus de punch.
Mais, ne faisons pas la fine bouche. "Marionnettes" reste un fort bon moment de lecture. À conseiller.
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