Commentaire de detroiter :
Avec “Classé x minuscule”, Jean-Pierre Guillet nous mène sur les chemins tortueux et torturés (et tortionnaires ?) du désir et de la séduction, mettant en scène un François Guillet à visage multiple aux prises avec une Annette Paillaud toute aussi changeante, mais toujours attirante, et le tout avec l'humour intelligent et succulent qu'il nous avait déjà montré dans le recueil "Chroniques de la vie banale".
Et c’est un vrai régal ! Une belle langue maniée avec expertise, un doigté sûr et caressant, et ce rythme un peu lent mais imparable comme les flux et reflux des marées. Chaque fois, la séduction s’installe, le désir grandit, les évènements semblent vouloir aider…
Et juste au meilleur moment, quand le but de toutes ces aspirations est enfin palpable : une déviation imprévue, comme une débandade, un désaccord entre les évènements et les désirs. Pfffft ! Tout le bel édifice s’évanouit, se disloque, s’effondre, et le malheureux François s’en retourne chez lui, “le cœur en déroute, et la bitte sous l’bras !” comme chantait Jacques Brel.
Je ne saurais comment le dire, mais j’ai comme envie de “remercier Jean-Pierre Guillet de m’avoir fait lui en vouloir”. Car à chaque fois, connaissant pourtant les règles du jeu, il a réussi, par la qualité de son écriture et par l’expression si convaincante des sentiments de ses personnages, à me faire croire que ça y était, ce coup-ci, le François allait enfin connaître les fièvres cachées sous l’épiderme d’Annette ! Et chaque fois, je me suis pris les pieds dans le tapis, tout comme François.
Ce recueil est réellement réussi, drôle toute en finesse (j’ai beaucoup aimé la mise en abîme de “Dieu est-il amour ?”), et même si cela semble matériel, je pense que je tournerai mon meilleur compliment ainsi : je n'aurais pas regretté mes sous si je l'avais acheté !
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