Je suis un écrivain anonyme qui a réussi à ne pas écrire une seule ligne pendant des années. Très jeune, ce n’était qu’une récréation pendant laquelle je me dissipais sans me faire remarquer. Puis les phrases prirent une tournure plus sérieuse. L’exercice risquait de se transformer en discipline. J’ai eu peur de ne pas vivre en écrivant.
Je n’ai pas recommencé à écrire mais à lire. Les livres en anglais d’auteurs tels que James Joyce, Angela Carter ou Bret Easton Ellis. Leur émotion, leur poésie, leur modernité me suffisaient.
Oui, les mots sont revenus parce qu’il est maintenant plus facile de les partager. Ma biographie commence donc ici. J’ai terminé un premier roman. Si c’est le dernier, je ne le regretterai pas. |
« Qu’est qu’il y a Claire ?
- Je veux un enfant, Thomas. Un enfant... Un enfant de Martin ou de... »
C’est solide une pièce. Il y a un volume, un centre, des lignes. On sait où on est. On s’y tient. Dehors, je me serais sûrement enfui et perdu.
J’ai pensé ne jamais le dire. Pourtant, je balbutiai :
« Un enfant de qui ?
- Personne. »
Claire retrouve Martin, un homme qu’elle a croisé dans sa jeunesse. Une histoire courte. Une lente gestation. Huit mois racontés par un ami sans compassion.