Critique publiée par Stéphane BRET le 13-07-2011
Sans doute éprouverions-nous quelque doute sur la question de savoir si le récit d’une escroquerie peut capter l’intérêt du lecteur en l’espace d’un roman. La réponse est oui : c’est le pari réussi par Martin Suter, écrivain suisse de langue allemande, dont le roman intitulé « Le dernier des Weynfeldt » décrit cet événement.
Adrian Weynfeldt, expert en art et dernier rejeton d’une lignée riche, mène une vie sage, toute empreinte de bourgeoisisme et de bonne éducation. Lorena, aventurière rousse aux charmes incontestables, peu scrupuleuse sur les moyens de s’imposer en société, vient bouleverser le confort de cette vie ouatée en débutant une relation amoureuse avec lui. Un vieil ami, Klaus Baier, l’implique malgré lui dans une escroquerie : la vente aux enchères d’un faux tableau de Vallotton, peintre suisse du début du vingtième siècle. Cette opération va entraîner Adrian Weynfeldt, Lorena, Klaus Baier, chacun dans son rôle social d’origine, elle va permettre une description très affinée du milieu du monde de l’art, caractérisée par une grande subtilité, une restitution fine des usages, des pratiques de ce milieu.
Au fil des événements constituant la mise en place de cette vente, ce sont les travers, les faiblesses et les renoncements d’un homme confronté à deux imprévus, l’amour de Lorena, conquête en forme de mirage et la vente frauduleuse du tableau qui sont décrits avec force minutie dans ce roman qui est aussi une description captivante du milieu des marchands d’art. Les personnages gardent de l’humanité, de la vérité, sans être intégralement instrumentalisés par leur rôle social.
A lire pour la pertinence de la description et sa sobriété. Martin Suter vient également d’écrire « Allmen et les libellules » aux éditions Christian Bourgois. Le critique : Stéphane BRET Note : Liens relatifs : Amazon.fr Hits : 3364
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