Critique publiée par Stéphane BRET le 19-07-2011
Persuasion, dernier roman écrit par Jane Austen et publié à titre posthume, décrit à l’instar des autres romans majeurs de cette auteure tels que Orgueils et Préjugés, Raison et Sentiments, les mœurs et les usages de la Gentry de l’Angleterre rurale au tournant des dix-huitième et dix-neuvième siècles.
Anne Elliot, jeune fille membre de cette bonne société, n’est pas insensible aux avances du jeune Frederick Wentworth, officier de marine a priori sans avenir et dénué de relations dignes de procurer à Melle Elliot une place honorable.
Cette dernière, influencée par des préjugés de classe, un jugement personnel encore insuffisamment exercé, rejette les avances de ce jeune homme. Elle est alors bien sûr sous l’influence de sa famille, dont le père, Sir Walter Elliot, quelque peu snob et prodigue, recherche une reconnaissance sociale définitive, qui le ferait entrer dans le cercle étroit des détenteurs de prestige social et patrimonial, le tout à l’échelle de cette petite bourgade...
Sous influence, Anne l’est assurément si l’on ajoute le pouvoir exercé par son amie, Lady Russell, sur ses choix, ses sorties, ses connaissances, cette dernière ayant pesé dans la décision de rompre avec Frederick Wentworth.
Ultérieurement, Anne Elliot prend conscience du rôle de la volonté dans la recherche du bonheur et de son accomplissement : « Le pire des maux est un caractère faible et indécis sur lequel on ne peut compter. On n’est jamais sûr qu’une bonne impression sera durable. Que ceux qui veulent être heureux soient fermes. », entend-elle dire par Frederick Wentworth, dont elle a surpris les propos tenus à sa sœur.
Ces interrogations conduites par Anne Elliot vont concerner les mœurs, les conventions rigides, les limites imposées à la sincérité quand l’observance de ces règles devient par trop étouffante... Ces réflexions seront fructifiées huit ans plus tard lorsque son père décide de louer le château familial à l’amiral Croft, ce dernier n’étant autre que le beau-frère du capitaine Wentworth.
Ce dernier, qu’Anne Elliot appréhende de revoir, s’est enrichi, il apparaît comme un bon parti. Il faut pourtant à Anne procéder à un réexamen complet de ses jugements, de ses mécanismes de décision personnelle, et aboutir finalement à envisager le mariage avec Frederick Wentworth.
Est-ce un hommage à un conservatisme bon teint ? Il nous semble plutôt qu’une autre conclusion s’impose à la lecture de ce roman, dont le classicisme ne doit pas rebuter : l’indépendance sociale et affective, et donc amoureuse, se conquiert. C’est d’une grande modernité. Le critique : Stéphane BRET Note : Liens relatifs : Amazon.fr Hits : 3182
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