Critique publiée par Woland le 14-11-2005
Pour autant que je me rappelle cette lointaine époque, les extraits de La Bruyère que j'ai pu lire en les étudiant au collège et au lycée étaient tous des portraits dont celui, fameux, de Ménalque, ce lunaire qui finit par se croire si bien chez lui que, lorsqu'il rend visite à une dame, il va jusqu'à l'inviter à souper.
Mais, au-delà ces croquis si bien observés et si finement restitués, Jean Delabruyère qui deviendra La Bruyère tout court pour des générations et des générations d'étudiants, c'est aussi toute une foule de maximes qui ne sont pas sans évoquer celle d'un La Rochefoucauld.
Celle-ci par exemple :
"A quelques uns, l'arrogance tient lieu de grandeur, l'inhumanité de fermeté et la fourberie d'esprit."
Ou encore :
"Il n'y a rien que les hommes aiment mieux à conserver et qu'ils ménagent moins que leur propre vie."
Et celle-ci, ô combien actuelle :
"Ne songer qu'à soi et au présent, source d'erreur dans la politique."
En un mot comme en cent, lire "Les Caractères" est un plaisir aussi raffiné que, entre autres, la lecture du "Journal" de Jules Renard. La partie "Des Esprits Forts" et les considérations de La Bruyère sur les femmes, le mariage, etc ... sont cependant datées et l'on pourra critiquer l'influence qu'eurent sur lui Bossuet et son clan.
L'homme n'en demeure pas moins généreux et non dénué d'humour comme le prouve, s'il en était besoin, la sentance finale de l'ouvrage :
"Si on ne goûte point ces Caractères, je m'en étonne ; et si on les goûte, je m'en étonne de même."
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