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    CRITIQUE LITTÉRAIRE
    William FAULKNER - Sanctuaire




    Critique publiée par Woland le 30-03-2005

    De « Sanctuaire », André Malraux a dit qu’il symbolisait « l’intrusion de la tragédie grecque dans le roman policier. » De la tragédie antique, Faulkner a en effet retenu l’exceptionnelle rigueur de la construction et son « Sanctuaire » est vierge de ces monologues intérieurs, de ces tentatives de déstructuration du récit en vue d’une recréation joycienne du mode d’écriture – et du mode de lecture. « Le Bruit et la Fureur » sont à mille lieues de là et, n’était la volonté délibérée du romancier de nous dissimuler pratiquement jusqu’à la fin la terrible infirmité dont souffre Popeye et qui a conditionné les trois-quarts de son destin, le déroulement du récit serait absolument classique.

    Nous sommes dans les années vingt, dans ce « vieux Sud » où Faulkner a situé l’essentiel de son œuvre. La Prohibition bat son plein et les gangs prospèrent. Quant aux ivrognes, même s’ils sont tenus de boire en cachette, ils sont légion. Parmi eux, Gowan Stevens, qui aime à se définir comme un « gentleman de Virginie » et qui, en tant que tel et en dépit de son jeune âge et de l’excellente famille qui est la sienne, trouve élégant et même indispensable de se saouler à mort plus souvent qu’à son tour.

    Gowan doit à sa belle prestance et à son sens certain du baratin la grâce de sortir avec la jeune et jolie fille du juge Drake, Temple, plus préoccupée de sorties nocturnes dans les night-clubs que de ses études universitaires. A l’issue de l’une de ces sorties, Gowan promet de la raccompagner le lendemain au train qui doit la ramener à son université. Mais, déjà fortement imbibé et taraudé par le besoin de boire à tout prix, le jeune homme, au lieu de la conduire directement à la gare, entraîne Temple dans la ferme isolée qui abrite les alambics de Lee Goodwin. Celui-ci revend évidemment une partie de son alcool clandestin à un gang de Memphis et il se trouve que, une livraison étant justement à l’ordre du jour, deux hommes de main du gang doivent passer la soirée chez Goodwin.

    Si Temple réussit tant bien que mal à survivre à une nuit de beuverie qui rend Gowan tout-à-fait incapable de la défendre des entreprises de Van, l’un des deux gangsters ; si la compagne de Goodwin, Ruby Lamar, d’abord hostile à l’égard de la jeune fille, fait ensuite tout pour la protéger des violences d’hommes que la boisson livre à leurs pires instincts ; en définitive, elle n’échappera pas à Popeye, malfrat solitaire, asocial, adepte des pistolets automatiques et qui, dès le premier chapitre du roman, est assimilé par son créateur à « cette chose noire qui sortit de la bouche de Mme Bovary et se répandit sur son voile de mariée quand on lui souleva la tête. »

    Mais avant de violer Temple, Popeye a eu le temps d’abattre Tommy, le garçon de ferme un peu simplet de Goodwin, qui cherchait à protéger la jeune fille. Lorsque, après le départ de Popeye qui a embarqué Temple dans sa Packard, Goodwin se retrouve avec le cadavre du malheureux, il comprend qu’il n’a d’autre choix que de prévenir la police. Comme il a malheureusement un casier judiciaire déjà assez chargée, il échoue dans la prison du comté, sous inculpation d’homicide volontaire.

    Un jour qu’il s’était égaré et avait débarqué dans sa ferme, Goodwin avait sympathisé avec Horace Benbow, un avocat à l’âme de poète qui, dans le roman, fait manifestement référence au sens de l’honneur et au code quasi chevaleresque qui étaient de mise dans certaines classes de la société sudiste, avant la Guerre Civile. Persuadé de l’innocence de Goodwin, Benbow décide de le défendre. Mais, comme son client ne tient pas à « moucharder » Popeye, il en est réduit à entreprendre son enquête personnelle qui le fera remonter jusqu’au gangster et jusqu’à Temple. Dès qu’il apprend la présence de Temple à la ferme au moment du meurtre, Benbow comprend qu’il lui faut à tout prix retrouver celle qui, d’après ce que lui en a dit Ruby, est bel et bien le seul témoin oculaire de l’assassinat de Tommy. D’indice en coup de chance, l’avocat parvient à la localiser dans le bordel de Memphis où Popeye loue à demeure une chambre la pittoresque et maternelle Miss Reba, veuve inconsolable d’un certain Bedford et qui, depuis le décès de celui-ci, vit seule entre ses deux chiens – rebaptisés avec un humour discutable « Reba » et « Mr Bedford » - ses « filles » et sa fidèle domestique, Minnie.

    C’est là que Popeye a amené un soir la pauvre Temple. C’est là que Miss Reba a fait venir son médecin attitré pour panser l’important saignement de la jeune femme. C’est là que Popeye est venu et revenu bien souvent pour couvrir Temple de bijoux et de toilettes de luxe. C’est là aussi qu’il n’a pas arrêté de se disputer avec elle et de la frapper. C’est là encore que, pendant quatre jours, il a amené Red, un jeune et beau garçon qui a passé une nuit, puis une autre, suscitant la désapprobation, puis les soupçons de Minnie et de Miss Reba. Miss Reba en effet est anglo-saxonne et, en tant que telle, n’entend pas tenir « une maison à spécialités » - dans le texte original, un « bordel français. » Or, quand deux hommes se retrouvent avec une femme et que l’un d’entre eux se contente de regarder, il y a « spécialité » - et donc « bordel à la française » …

    Ainsi se délite lentement le personnage de Popeye. Ainsi le lecteur est-il amené peu à peu à comprendre, jusqu’à l’épi de maïs final et ensanglanté que l’Attorney général brandira en plein tribunal, au dernier jour du procès Goodwin.

    Aussi implacable que dans les grands drames shakespeariens, l’horreur est absolue puisque Goodwin est condamné pour un crime qu’il n’a pas commis et que la foule, révoltée par les conditions dans lesquelles s’est déroulé le viol de Temple, met le feu à la prison pour s’emparer de lui et le lyncher d’une façon particulièrement atroce.

    Pendant ce temps, Temple, qui a sombré dans une semi-démence, s’éloigne au bras de son père, vers la vie brumeuse et décalée qui sera désormais la sienne. Faulkner ne nous dit pas si son témoignage, imputant de façon formelle le meurtre de Tommy au malheureux Goodwin et non à Popeye, est le résultat de son état psychique ou le signe d’un attachement sado-masochiste à son tortionnaire.

    Horace, quant à lui, complètement laminé par l’échec, rentre au bercail, auprès de l’épouse qu’il avait quittée. Et Popeye … Popeye paiera malgré tout ses dettes à la société : on le pendra en Alabama pour le meurtre d’un policier. Mais auparavant, Faulkner nous aura rapporté ce qui fut son destin : naissance malvenue, enfance déséquilibrée, les premières cruautés contre les animaux, puis son entrée dans la pègre où la Prohibition le rendit extrêmement riche alors que, par une étrange ironie du sort, sa santé lui avait toujours interdit d’absorber une seule goutte d’alcool.

    Ainsi, en parfait accord avec la tradition de la Grèce ancienne qui voulait que les dieux eux-mêmes n’échappassent pas au Destin, la Fatalité aura mené l’intrigue de « Sanctuaire » à son dénouement sans espoir. Et c’est à la sœur d’Horace Benbow, Narcissa la bien nommée, toujours habillée de blanc, que revient ce rôle impitoyable et décisif. Je vous laisse découvrir pourquoi …


    Le critique : Woland
    Note :
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    Posté par Anonyme le 13-09-2005
    Ma note :

    J''ai beaucoup aimé ce livre même si la lecture a été laborieuse. L''atmosphère est pesante paradoxalement à cause de l''absence de sens qui règne du début à la fin du livre. Les personnages (je pense en particulier à Temple, Popeye, Goodwin) subissent leur sort sans chercher à lutter. Pas de valeurs auxquelles se raccrocher. Rien. Les personnages de Temple et de Popeye m''ont beaucoup ému. Certes l''acte de Popeye est monstrueux mais le récit de son enfance à la fin du livre enjoigne le lecteur à ne pas prêter de jugement hâtif. Ce livre porte à réflexion en tous les cas.

    Posté par djjb le 05-08-2009
    Ma note :

    Merci beaucoup pour cet exposé de l''intrigue. Je viens de terminer le livre et je me pose quelques questions. Des hypothèses se dégagent de la narration, mais on peut hésiter. Je vois que les miennes vont dans le sens exposé ici, qui est probablement dominant.

    Je ne partage cependant pas l''enthousiasme général pour Sanctuaire. Il a de grandes qualités littéraires, mais l''univers est vraiment trop cauchemardesque. On dirait qu''en cherchant le succès commercial, il a fait un livre racoleur, étalant avec complaisance, même si artistement dissimulée, les pires horreurs.
    Sa première qualité, pour moi, tient dans les descriptions : végétation, chaleur, maisons, personnages. La recherche verbale dans ces descriptions tranche avec les autres aspects du texte. D''où une impression bizarre de texte artificiel, fabriqué. Un peu comme les tirades verbeuses de l''avocat tranchent sur le langage des ploucs, au début.
    Et puis, on a beau dire, la traduction des dialogues n''arrange pas les choses. Je ne les trouve guère plausibles.
    Bon, c''est un livre très prenant (je n''ai pas pu le quitter) mais il me laisse un sale goût dans la bouche.
      

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