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    CRITIQUE LITTÉRAIRE
    Coeurs Solitaires - John Harvey




    Critique publiée par Woland le 10-01-2006

    Auteur britannique publié chez "Rivages Noirs," on lui doit le personnage de Charlie Resnick, policier d'origine polonaise que sa femme quitte pour suivre un agent immobilier et qui, comme ils n'ont pas eu d'enfant, consacre désormais sa vie à son travail et à ses quatre chats.

    Resnick est un aficionado de jazz (il a d'ailleurs donné à chacun de ses chats le prénom d'un "grand" jazzman, dont Dizzy Gillepsie.) Comme la majeure partie des policiers connus et moins connus de la littérature mondiale, il se nourrit très mal, la plupart du temps de sandwichs bien gras et bien dégoulinants qui débordent de cornichons. Il est aussi amateur de vins.

    La "saga" de Resnik débute avec "Coeurs Solitaires", histoire d'un tueur en série qui recrute par petites annonces. Harvey en profite pour nous brosser le portrait de l'équipe qui, au fil des ouvrages, continuera à entourer son héros : Lynn Kellog, seule femme de l'équipe, engagée pour satisfaire aux "quotas" britanniques, qui vit en ménage avec une espèce de cycliste-fantôme, plus préoccupé à se raser soigneusement les poils des jambes qu'à toute autre chose ; Dispatk Patel, d'origine pakistanaise, jeune homme courtois mais efficace, qui a pu trouver sa place dans la police, son rêve de toujours, justement parce que lui aussi, comme Lynn, appartenait à une minorité, celle-là ethnique ; Mark Divine, qu'on pourrait surnommer "le beauf de service", officier efficace bien qu'assez brutal, que seul sa qualité de policier empêche d'adhérer à l'équivalent britannique du F.N. ; Kevin Naylor, jeune marié dont le premier-né crée certaines tensions dans le couple et Graham Millington, le plus âgé de la bande, qui, lui, n'a pas d'enfant mais une épouse toujours occupée à courir les "cours du soir" des MPT. Millington est un fan de Petula Clark.

    "Coeurs Solitaires" permet aussi à Harvey d'introduire le personnage de Marian, amie d'enfance de Resnick, elle aussi issue du milieu des émigrés polonais mais qui, contrairement à Resnick, se veut avant tout et exclusivement "polonaise" bien que, pour sa part, elle soit née à Londres.

    Harvey n'évoque pas Simenon. Et pourtant, pierre par pierre, il nous restitue la société qu'il connaît, la société anglaise des années 80/90, rongée par les méfaits du Thatcherisme, par les inégalités sociales de plus en plus importantes, le chômage qui s'étend comme une nappe de poison et la violence qui monte : tueurs en série qui n'ont rien à envier à leurs homologues américains (même si Harvey se défie du "gore"), pédophiles parfois incestueux, drogués de plus en plus nombreux et même, ici et là, hooligans enragés.

    Harvey est donc une atmosphère dont on s'imprègne et où s'animent des personnages rarement manichéens. Le personnage de Jerzy-Jerry, dans le second volume de la série, "Les Etrangers dans la maison", le démontre amplement : au départ, deux "casseurs" qui, aidés par une source dont l'identité se dévoile progressivement au fur et à mesure que progresse l'ouvrage, ne s'attaquent qu'à des maisons riches et vidées de leurs occupants et dont le système d'alarme est toujours pris en défaut.

    Chez les Roy, ils tombent sur l'épouse et aussi sur un coffre-fort recelant un kilo d'héroïne. Mais une idylle va se nouer entre Jerzy-Jerry, le plus anticonformiste des deux braqueurs et Mrs Roy, que son mari délaisse plus ou moins. Et puis, bien entendu, le dealer qui avait confié son héroïne à Harold Roy le temps pour lui de se trouver une nouvelle planque, va venir réclamer son dû.

    John Harvey, un auteur à découvrir !


    Le critique : Woland
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